Pas de 35 heures, pas de négociations salariales, pas de syndicat pour revaloriser les salaires, pas de plan de délocalisation, pas de primes, pas de congés ni de RTT, ni même pas de rémunération : le « patron » Hubert Duprat a trouvé le bon plan, pour faire bosser à l’œil de petits ouvriers joaillers ultra dévoués, tout en faisant du « Made in France ».
Point d’esclavagisme en vue, je vous rassure. Au contraire, ils vivent la vie de château, entourés d’or, de pierres précieuses et fines.
Depuis plusieurs années, Hubert Duprat, artiste français contemporain, crée des bijoux en étroite collaboration avec des larves de phryganes, communément appelés trichoptères, qui ressemblent à s’y méprendre à une mite, une fois adulte. Si c’est pas mignon, çà ?
Le complexe procédé de fabrication des tubes
Hubert Duprat se définit comme un architecte, qui fait travailler des maçons, les trichoptères. J’ai enquêté et répondu à toutes vos questions, sur le pourquoi du comment de cette forme d’art insectoïde.
Qui sont ces insectes de génie ?
Les trichoptères sont des insectes aquatiques issus d’une espèce très commune, que l’on trouve dans la majorité des rivières. En bas de la chaîne alimentaire, ce sont des proies pour les poissons d’eau douce.
Le seul moyen pour les larves de devenir adultes, est bien de se protéger. Leur instinct de survie les poussent à fabriquer un tube artificiel, avec tous les matériaux qu’elles trouvent : feuilles, bois, coquilles d’escargots, gravillons, sable…
Comment Hubert Duprat a-t-il eu l’idée d’utiliser les larves pour fabriquer des bijoux ?
Outre sa connaissance sur le fait que les larves rassemblent des matériaux, pour la fabrication d’un tube de protection, l’idée a germé au moment où il a réalisé que dans certaines rivières, on pouvait trouver de l’or. La corrélation des 2 idées a permis la naissance de ces créations plus que singulières.
Quelles sont les conditions de travail des trichoptères ?
Les larves travaillent sous haute surveillance, dans une sorte de laboratoire. Privées de tous matériaux naturels, elles doivent fabriquer leur tube de protection avec les moyens du bord, à savoir des paillettes d’or, des perles ainsi que des pierres précieuses et fines : diamants, émeraudes, rubis, saphirs, turquoises, opales, lapis-lazuli.
La taille et la forme des pierres doivent être régulières, pour un résultat solidaire et esthétique.
Comment tiennent les éléments du tube, entre eux ?
Le trichoptère, dont le milieu naturel est l’eau, produit une substance hautement gluante et résistante à l’eau, la soie, qui permet la fixation des éléments entre eux, pour un fourreau hermétique. Riche en phosphate, cette soie vous garantit un bijou 100% waterproof.
Les créations d’Hubert Duprat : entre originalité et minutie
Les larves de trichoptères sont des orfèvres inégalables, qui travaillent avec une grande précision. Chaque abri créé conjointement par l’artiste et l’insecte est une œuvre unique, avec un mélange de pierres et d’or.
Point de boutique en ligne, ni de fabrication de masse de tubes. Ces derniers sont, avant tout, des pièces d’art, d’une grande originalité, qui font l’objet d’expositions aux quatre coins de la France et en Europe.
Une question demeure : quel message essaie de nous délivrer l’artiste, à travers ces bijoux, d’un genre à la fois minéral et animal ? Hubert Duprat cherche à nous interroger sur la processus de création d’une œuvre artistique, qui est atypique.
J’ose tout, pour ma part, je ne dirais pas non, à une paire de boucles d’oreilles façon abri de trichoptère ou bien pourquoi pas en sautoir. Et vous ?
En tout cas, cela me fait moins peur que les maquesh…
Superbe article faisant le lien entre deux mondes !
La nature en général et les insectes en particulier sont une source continue d’inspiration pour l’homme qui n’a pas finit de s’émerveiller devant leur créativité.
Je me souviens de ces trichoptères, pour avoir déniché bien des fourreaux sous les grosses pierres de rivières quand j’étais gosse. On allait ensuite pêcher la truite avec ces larves !
Merveilleux travail d’orfèvre naturel immortalisé par ce Mr Duprat !
Une démarche particulière, mais de beau bijoux. Le fait que ce soit des tubes cela fait un bijou très particulier en plus c’est assemblé de manière « anarchique » ce qui confère un charme supplémentaire à ces objets. On est loin des standards de bijoux réguliés et normés.
Je trouve le concept génial et en plus écolo, bien qu’on ne sache pas comment la larve quitte la protection, l’artiste attend qu’elle parte? Il ne les montent pas en bijoux, car je pense que cela rendrait plutôt bien.
C’est ce qu’on appelle un bon concept innovant et hors du commun, j’aime la façon dont vous montrer d’une autre manière le monde des insèctes.
Je trouve ce concept vraiment révolutionnaire en tout cas et très innovant.